La participation citoyenne : pour qui, comment et pourquoi?

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par Maud Emmanuelle Labesse,
http://www.mediak.ca/la-participation-citoyenne-pour-qui-comment-et-pourquoi.aspx
À l’invitation de Développement social, cinq praticiens et chercheurs ont accepté de partager leur point de vue sur la participation citoyenne. Nous vous les présentons :
Valérie Lemay est employée à la Conférence régionale des élus (CRÉ) de l’Abitibi-Témiscamingue. En charge des dossiers du Forum Jeunesse de l’Abitibi-Témiscamingue, elle a pour mandat de contribuer à l’émergence de la participation citoyenne et de l’implication des jeunes en Abitibi-Témiscamingue.
Michel Venne est le fondateur, en 2004, et directeur général de l’Institut du Nouveau monde (INM). L’INM a pour mission de développer la participation citoyenne et de renouveler les idées au Québec.
Luc Rabouin est le directeur général, depuis 2006, du Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) qui s’est donné pour mission de développer et de partager une expertise quant aux approches les plus viables et démocratiques de développement urbain durable. Il a publié récemment un ouvrage sur la démocratie participative intitulé Démocratiser la ville. Le budget participatif : de Porto Alegre à Montréal.
Georges Letarte s’intéresse particulièrement aux questions touchant le développement social dans le cadre des politiques gouvernementales et municipales. Il est consultant et collabore notamment avec l’ARUC-innovation sociale de l’Université du Québec en Outaouais, la Ville de Gatineau, la Conférence régionale des élus de la Capitale-Nationale à Québec et l’Institut national de santé publique.
Ian Renaud-Lauzé est responsable de l’animation politique au Collectif pour un Québec sans pauvreté. Depuis sa formation en 1998, le Collectif travaille à faire de la lutte à la pauvreté une priorité sociale et gouvernementale, au-delà de toute partisannerie politique.

Devant l’Assemblée nationale, le long des rivières énergiques, à l’extrémité des terminaux méthaniers, au ras de la forêt boréale, au cœur des quartiers et des petites municipalités rurales à revitaliser, l’expression retentit. Certains l’évoquent du bout des lèvres, d’autres l’embrassent à pleine bouche. La participation citoyenne se veut en tous lieux comme en tous sens. Cri primaire et dernier cri, inclusive et adverse, polymorphe et polysémique, polémique et solidaire, elle incarne à la fois un héritage des années 60 et une innovation sociale sans cesse réinventée. À l’évidence, la participation citoyenne est un concept aux confins vaporeux que chacun emploie selon sa propre interprétation. Notre première interrogation a porté sur la citoyenneté, la participation citoyenne y étant intimement liée.
Qu’est-ce qu’un citoyen?
À la question « qui est citoyen? », Valérie Lemay répond : « Un citoyen est une personne qui a des droits et des responsabilités. » Travaillant auprès des jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue, sa réflexion porte sur l’âge de la citoyenneté : « Il serait cependant légitime de se questionner sur le fait qu’une personne devienne citoyenne seulement à 18 ans. Un citoyen, c’est aussi un jeune qui prend part à la vie communautaire ou sociale. »
Luc Rabouin désigne comme « formelle » la citoyenneté qui confère certains droits fondamentaux à ces détenteurs. La « citoyenneté informelle » est pour lui tempérée par la position sociale qu’occupent les personnes. « Pour les gens situées au bas de l’échelle sociale, cette citoyenneté demeure souvent de la pure fiction, n’ayant aucun moyen de faire respecter leurs droits, explique-t-il. Ces personnes sont celles qui détiennent le moins de pouvoir d’influencer les décisions prises par les autorités de toutes sortes. »
Selon Michel Venne, la citoyenneté est d’abord ancrée dans la conscience de ses concitoyens mêlée à un sens de l’appartenance : « Un citoyen, c’est d’abord quelqu’un qui a le souci des autres, qui a conscience d’appartenir à une communauté, une nation, et du rôle qu’il doit jouer, de la responsabilité qui est la sienne dans cette communauté, cette nation. »
Faisant intervenir une notion de responsabilité beaucoup plus vaste, Ian Renaud-Lauzé établit une adéquation entre le citoyen et l’être humain. Il réfère à l’article 1 de la Déclaration universelle des droits humains pour définir les citoyens : « Ce sont tous les êtres humains. Ceux-ci naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de sororité et de fraternité.»
Cette variété de conceptions de la citoyenneté donne lieu à plusieurs visions de la participation citoyenne. Néanmoins, les définitions livrées par les intervenants consultés font toutes intervenir une dimension morale. Par exemple, Valérie Lemay avance : « La participation citoyenne, c’est un citoyen qui s’investit dans sa communauté selon ses valeurs ».
Michel Venne, Georges Letarte et Luc Rabouin y introduisent en outre la notion de bien commun. Selon le directeur général de l’INM, la participation citoyenne constitue « toute activité qui permet à un citoyen, une citoyenne, de contribuer à la définition et à la concrétisation de ce qui représente l’intérêt public et le bien commun dans une société. Son but n’est pas avant tout de changer le monde, mais de valoriser un agir responsable à l’égard de soi, de ceux qui nous entourent, de notre communauté, notre pays et, plus largement, la planète », argue-t-il.
Pour Luc Rabouin, la participation citoyenne procède directement de la citoyenneté, telle un devoir : « La citoyenneté, c’est avant tout la conscience d’appartenir à une même communauté politique, de percevoir que notre destin est lié aux autres membres de cette communauté. Elle implique donc la participation, l’engagement et l’action dans le sens du bien commun », affirme-t-il.
Georges Letarte place aussi la notion d’engagement au cœur de sa conception de la participation citoyenne. À ses yeux, la participation citoyenne est plus polyvalente et peut être dirigée à l’endroit d’un seul concitoyen. « Au sens commun du terme, la participation citoyenne, c’est l’engagement volontaire de citoyens dans le débat public ou dans des actions visant à contribuer à l’évolution des politiques et pratiques sociales. Dans les médias et les débats, on a tendance au Québec à ramener la participation citoyenne à l’engagement dans les organismes à but non lucratif (OBNL), comme un contrepoids au rôle des élus. Pourtant, elle prend différentes formes, soutient-il. C’est autant l’engagement dans les OBNL que dans une fonction élective, c’est autant l’engagement bénévole individuel de citoyens que la contribution des organismes d’affaires. Le propriétaire du dépanneur, qui embellit sa devanture, signe un engagement moral pour limiter les heures de travail des salariés étudiants, écoute les personnes âgées isolées et s’affaire à intervenir pour assurer présence et soutien. La participation citoyenne existe à l’extérieur du mouvement associatif. Le parent engagé activement dans l’éducation de ses enfants participe également très fortement au développement de la communauté.»
Luc Rabouin partage également ce point de vue : « Bien sûr, il y a les institutions formelles comme les partis politiques ou les conseils municipaux. Mais, il y a aussi les organismes communautaires, les conseils d’établissement des écoles ou des Centres de la petite enfance, les comités de citoyens, les ONG de solidarité internationale, etc. Enfin, la citoyenneté peut également se manifester dans les actions individuelles. » Lui dont le métier traite beaucoup d’aménagement urbain relève évidemment l’importance de la rue, « cet espace public essentiel pour faire valoir ses revendications et propositions ».
Valérie Lemay rejoint les définitions de Georges Letarte et de Luc Rabouin notamment en évoquant la notion de civisme : « Il y a plusieurs façons d’exercer sa citoyenneté, notamment en faisant preuve de civisme. Il s’agit d’avoir une préoccupation constante pour le bien-être des autres et pour le maintien de relations harmonieuses dans la société et cela, en respectant les règles de la vie commune, en protégeant son environnement et en soutenant ceux qui sont dans le besoin, explique-t-elle. La participation citoyenne, c’est aussi de s’informer en s’efforçant de mieux connaître les différents enjeux sociaux, en se tenant au courant des décisions prises qui touchent notre existence; c’est développer ses connaissances et c’est connaître ses droits et ses obligations, poursuit-elle. Voter et se faire élire par la population, c’est prendre une part directe dans la désignation des gouvernements et appuyer une vision et des orientations relatives au bien public. S’engager au sein d’un organisme ou s’exprimer sont autant de formes de participation citoyenne. Défendre une cause, c’est prendre part aux débats et aux décisions qui nous concernent, c’est participer activement à la vie sociale de façon volontaire dans l’intention de changer les choses, que cela soit auprès de sa communauté, de son association, de sa région, de son pays ou même de la planète. »
Michel Venne reprend à son tour ces manières d’exercer la citoyenneté en les partageant en trois grandes catégories. « La première est l’action individuelle qui va du vote aux choix de consommation. C’est l’addition de millions de gestes individuels qui influence l’économie de marché et la vie politique. La seconde catégorie est collective et réside dans le militantisme et l’adhésion à une cause. La délibération et la décision des politiques publiques constituent le niveau ultime, car la participation citoyenne devrait favoriser la participation du plus grand nombre à la délibération sur les politiques publiques et sur les décisions prises au nom de la collectivité. »
La conception de la participation citoyenne de Ian Renaud-Lauzé se rapproche d’ailleurs de celle-ci, mais en termes plus amples : « C’est ce qui permet de développer un idéal démocratique de liberté et d’égalité pour tous », dit-il.
Les apports de la participation citoyenne?
La participation citoyenne se traduit donc par l’implication individuelle ou collective de citoyens dans les sphères privées, publiques ou civiles selon les valeurs qui leur sont chères, incluant ou non le bien commun. Puisqu’elle se décline en de si nombreuses gammes, il est justifié de se demander si ses multiples manifestations possèdent des bénéfices communs. Contrairement aux questions précédentes, les intervenants répondent à celle-ci à l’unisson.
D’entrée de jeu, Luc Rabouin les résume en deux mots : « qualité et légitimité pour la prise de décisions publiques ». À ses yeux, la participation et la justice sociale s’alimentent mutuellement à un point tel qu’elles sont indispensables l’une à l’autre.
Ian Renaud-Lauzé croit aussi que la participation citoyenne améliore le rendement des gouvernements : « C’est ce qui permet l’expression d’une démocratie qui se réalise dans une société de citoyens par les citoyens. Elle pose la question du pouvoir en remettant en cause le modèle politique qui dit qu’on agit pour ou sur les personnes. Il faut plutôt le faire avec les citoyens, car cela permet de développer des projets et des politiques qui tiennent réellement compte des situations que vivent les personnes qui ont généralement peu ou pas de pouvoir dans la société », avance-t-il.
En parfait accord avec ces propos, Michel Venne distingue des apports à deux niveaux : « La participation citoyenne permet aux individus de se découvrir unecapacité d’agir et d’influencer. Ils combattent ainsi leurs sentiments d’impuissance et d’incompétence à l’égard d’enjeux complexes. Leur participation favorise un meilleur lien social et l’éclosion du sens des responsabilités. En participant à des décisions, ils réalisent qu’ils ont besoin des autres pour améliorer leur sort et celui de leur communauté, minant ainsi la montée de l’individualisme. Outre cela, la participation est avantageuse pour la société entière. Elle contribue à améliorer les décisions publiques par l’apport au débat de points de vue diversifiés, de savoirs tacites et profanes à côté de savoirs experts et de l’expression des besoins, des préférences et des valeurs des citoyens et des citoyennes. La participation crée également les conditions de l’éclosion d’innovations sociales par le maillage des expériences et l’émergence des idées fondées sur des besoins et des valeurs partagés. Enfin, la participation facilite l’émergence de consensus et une meilleure adhésion aux politiques publiques lorsque celles-ci sont édictées en respectant les consensus émergents », conclut-il.
Du point de vue des Forums Jeunesse, la participation citoyenne des jeunes présente une série d’avantages pour eux comme pour l’ensemble de la société : « Elle permet aux jeunes de développer leur identité politique ainsi que leur sentiment d’appartenance au milieu, les encourageant à s’y établir. Elle crée aussi des liens entre les jeunes et les élus, de sorte qu’elle favorise une meilleure représentativité dans les instances décisionnelles, tout comme l’implication des jeunes favorise les liens intergénérationnels », affirme Valérie Lemay.
Les écueils de la participation citoyenne
Comme toutes choses, la participation citoyenne comporte des pièges à éviter pour préserver son efficacité et ses apports. D’emblée, Valérie Lemay perçoit principalement des barrières individuelles à la participation citoyenne. D’une part, elle note qu’il est parfois difficile pour une personne de s’intégrer dans des milieux de participation citoyenne. « C’est parfois frustrant pour une personne qui joint un groupe ou un comité de s’approprier la structure et la mission de l’organisme, rapporte-t-elle. Une culture contraignante peut être rebutante pour une personne qui s’implique pour une première fois et qui ne sait pas encore ce qu’elle peut retirer de cette expérience. » Outre ceci, elle signale que l’investissement en temps qu’exige la participation citoyenne en freine plusieurs. À cela s’ajoute le découragement devant la cohue de problèmes à régler : « Les gens se sentent ballottés par une multiplicité d’enjeux. Il faut choisir une cause et tenter d’y faire une différence sans tenter de changer le monde entier d’un seul coup », conseille-t-elle. Enfin, Valérie Lemay insiste sur l’entrave que sont les inégalités sociales pour la participation citoyenne : « Une personne qui doit assurer sa sécurité ou subvenir à ses besoins physiologiques peut difficilement accéder à des réalisations personnelles et sociales. Ainsi, nous pouvons prétendre qu’une mère monoparentale vivant des difficultés financières sera davantage soucieuse de payer son loyer et de nourrir ses enfants que de siéger sur un conseil d’administration. »
Michel Venne aborde aussi la question des inégalités d’accès en désignant comme piège leur reproduction au sein des institutions de participation : « Il arrive en effet fréquemment que les personnes plus scolarisées, qui manient mieux l’art oratoire, qui appartiennent aux classes plus aisées, qui sont de mèche avec les détenteurs du pouvoir, voient leurs préoccupations prendre le dessus sur celles des autres qui sont moins scolarisés, s’expriment difficilement ou avec gêne, sont déjà exclus du pouvoir pour des raisons d’éducation ou de pauvreté. On peut éviter ce piège en mettant en place des conditions de participation qui créent de l’égalité entre les citoyens par la diffusion préalable d’information, de la formation, le recours à des modalités d’expression autres que l’écrit ou le discours, le choix du lieu où se déroule la délibération, etc. »
Dans un même ordre d’idées, le directeur de l’INM repère aussi « le monopole de la parole aux » suspects habituels » » comme écueil à éviter. « J’entends par » suspects habituels » les représentants des groupes d’intérêt qui disposent déjà de tribunes. Pour éviter ce piège, il faut donner à ces derniers un rôle dans la délibération, mais veiller à ce que la parole citoyenne non affiliée ait aussi son espace réservé. »
La création de « républiques de bavardage » constitue également un danger pour la participation selon Michel Venne. « Faire participer les gens à des exercices de débats publics qui durent longtemps mais ne produisent aucun résultat concret crée de la déception, et la déception engendre la démobilisation, explique-t-il. Pour éviter ce piège, l’INM a adopté une approche qui se décline en trois verbes : informer, débattre et proposer. »
Luc Rabouin est aussi d’avis que la participation citoyenne est en proie à l’usurpation : « Tout le monde est officiellement en faveur de la participation citoyenne tant que cela ne remet pas en question les rapports de pouvoir dans la société. Tout le monde est pour, tant que ça veut dire tout et son contraire! Par conséquent, l’influence réelle des citoyens au sein des processus institutionnels qui affirment pourtant leur faire une place importante s’en retrouve affaiblie. »
Le directeur du CEUM repère aussi une série de défis cruciaux pouvant devenir des écueils pour la participation citoyenne : « La société individualiste qui ne valorise pas l’engagement, la complexité de réaliser la conciliation travail-famille-participation, la présence effective des personnes habituellement exclues au sein des espaces de participation, la reconnaissance et la valorisation de l’expertise des citoyens de toutes les classes sociales, l’ouverture à une redéfinition de la démocratie qui soit réellement participative et délibérative représentent toutes des pierres d’achoppement. » À cela, Ian Renaud-Lauzé répond que tous les intervenants des milieux de participation citoyenne doivent changer d’attitude : « Comme chercheurs et professionnels, on doit apprendre à réviser nos méthodes de travail, notre capacité d’écoute et cela, c’est difficile. »
Quant à lui, Georges Letarte pense que la principale difficulté qu’affronte la participation citoyenne est l’exiguïté du carcan dans laquelle on la place par habitude : « On a malheureusement une tendance à dévaloriser les formes de participation citoyenne plus informelles. Comme si les citoyens non engagés dans le mouvement associatif n’étaient que des consommateurs passifs et indifférents! Toutes formes d’organisations constituent un univers culturel dans lesquels de nombreux citoyens ne se sentent pas à l’aise, préférant d’autres avenues pour faire valoir leurs opinions. » Le chercheur salue l‘engagement dans les organismes, ne serait-ce que pour le rôle de laboratoire social que jouent ces derniers dans l’éducation à la citoyenneté, l’élargissement du débat social et l’innovation des pratiques sociales et économiques. « Cette forme de participation sociale se porte encore assez bien au Québec, bien que le désengagement du réseau de la santé dans la mobilisation des communautés marque une tendance inquiétante », admet-il.
Quand la participation citoyenne est-elle appropriée?
S’il est une question qui fait l’unanimité parmi les intervenants consultés, c’est bien la pertinence de la participation citoyenne dans tous les contextes. « La participation citoyenne est toujours appropriée, à tous les niveaux et dans toutes les étapes des processus de prise de décisions publiques, soutient Luc Rabouin. Elle est autant souhaitable lors de la prise de décision que pour assurer un suivi à leur mise en œuvre », poursuit-il.
L’intervention de citoyens est particulièrement opportune lorsque le consensus social est faible selon Michel Venne : « Si l’on s’en tient à la participation à des processus de délibération publique, certains contextes sont plus favorables que d’autres. On retient généralement que la participation citoyenne est plus utile lorsque les normes sociales sont devenues inadéquates ou sont inexistantes et qu’un nouveau consensus est nécessaire; lorsque le débat est monopolisé par les groupes d’intérêt; lorsqu’une question requiert un arbitrage entre des valeurs ou la clarification de principes, la sensibilisation et l’apprentissage du public ou une adhésion morale forte; enfin, lorsque la décision relève d’un risque partagé ou concerne l’implantation d’une innovation. En définitive, certaines démarches de participation sont plus porteuses que d’autres, et ce sont généralement celles qui incluent une véritable délibération et celles qui s’inscrivent dans la durée. »
Conclusion
En bref, les cinq intervenants consultés s’accordent pour dire que la participation citoyenne est toujours appropriée et qu’elle se pratique à des échelles aussi multiples que diverses. Il y aussi consensus sur ses bienfaits, autant pour l’individu que pour la société dans son ensemble. Tous s’entendent de surcroît sur la nature des obstacles auxquels elle fait face et qui constituent des menaces naturelles à la démocratie par exemple les inégalités sociales, l’éclipse des savoirs citoyens par les savoirs experts ou encore l’isolement de la participation dans les processus institutionnels.
Pour la plupart des intervenants, la participation citoyenne doit tendre vers le bien commun, mais peut comprendre des actions dirigées vers le bien-être d’un seul individu. Valérie Lemay, quant à elle, avance que la participation citoyenne s’exerce en fonction des valeurs du citoyen et non en fonction de ce qu’il distingue comme « le bien commun ». Le désaccord apparaît comme négligeable, mais amène à une interrogation primordiale : « Existe-t-il un intérêt citoyen? »
Puisque la participation citoyenne pose en valeur suprême la démocratie, le droit de parole équitable et la transparence des processus apparaissent comme fondamentaux. L’essentiel est donc de procurer aux citoyens les moyens de se mobiliser et aux institutions, le moyen de les écouter.
Or, donner aux citoyens la possibilité de se mobiliser signifie qu’ils doivent disposer d’une information et d’un accompagnement de qualité. Les pratiques de participation citoyenne peuvent prendre une multitude de formes, traiter de sujets fort variés et avoir de nombreuses finalités parfois très différentes les unes des autres. Elles se transforment donc constamment et nécessitent un apprentissage autant de la part des citoyens consultés que de la part de leurs instigateurs. Enfin, c’est au gouvernement, à l’ensemble du secteur public et à la société civile de s’assurer que les gens qui souhaitent participer puissent être outillés pour le faire au meilleur de leurs capacités. « Pour y parvenir, ils doivent repérer les obstacles à la participation équitable et mettre en œuvre des mécanismes pour les éviter », précise Luc Rabouin. Car, la démocratie participative ne s’oppose pas à la démocratie représentative. Au contraire, elle la complète.



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