Derrière les barreaux

pag2 derrière les barreaux

PHOTO COURTOISIE

Jean-Claude Bernheim
Chargé de cours en criminologie

L’austérité ne semble pas avoir affecté les prisons québécoises, où le coût d’incarcération d’un détenu a augmenté de 32 % depuis 2008.

Il y a huit ans, chaque détenu coûtait 61 320 $ par an aux contribuables. Mais avec l’inflation, la hausse du prix des repas, la construction de nouvelles prisons, l’État débourse maintenant 81 030 $ par prisonnier chaque année, selon des données du ministère de la Sécurité publique du Québec.

Le coût d’incarcération moyen par jour d’un détenu au Québec ne cesse d’augmenter ces dernières années, selon des données du ministère de la Sécurité publique.

 

«Ça doit être attribuable à la masse salariale, parce que la qualité de vie des détenus se détériore sans cesse», soutient Jean-Claude Bernheim, chargé de cours en criminologie et impliqué dans les droits des détenus.

Selon lui, la hausse du coût d’incarcération est surtout attribuable aux salaires des agents des services correctionnels. Un avis partagé par le ministère de la Sécurité publique du Québec.

Selon la porte-parole Alexandra Paré, il faut tenir compte des loyers payés à la Société québécoise, des salaires du personnel et des frais de fonctionnement. Ces derniers incluent les transports de détenus, les soins médicaux, les équipements et la nourriture, entre autres.

Coût des repas

Dans les dernières années, les dépenses alimentaires ont augmenté, particulièrement pour les repas casher et halal. En 2015, l’État avait dépensé 206 714 $ pour ces deux diètes, comparativement à 144 519 $ en 2012.

Toutes diètes confondues, l’État a dépensé 12,6 millions $ en 2016 pour nourrir ses détenus.

L’ouverture de l’Établissement de détention de Roberval, en décembre, a également fait augmenter le coût d’incarcération moyen des détenus, a ajouté Mme Paré.

«Il est évident que le coût de location d’un nouvel établissement moderne est plus élevé que pour des infrastructures carcérales plus anciennes», a-t-elle expliqué.

Pour réduire les coûts, M. Bernheim a lancé plusieurs pistes, comme les amendes à la place de l’incarcération dans les cas de petits délits.

«L’État percevrait de l’argent, et cela permettrait aux personnes condamnées pour de petits délits de garder leur emploi et leur logement, a-t-il dit. Les coûts sociaux diminueraient aussi.»

 

COÛT QUOTIDIEN D’UN DÉTENU AU QUÉBEC

2017-2018      259$

  • 2015-2016 : 222 $
  • 2014-2015 : 207 $
  • 2013-2014 : 193 $
  • 2012-2013 : 192 $
  • 2011-2012 : 202 $
  • 2010-2011 : 178 $
  • 2009-2010 : 173 $
  • 2008-2009 : 168 $

 

Selon le député de Beauce-Nord, André­­ Spénard, il est inacceptable par exemple que le coût d’un repas en prison soit plus élevé que celui que l’on sert dans les CHSLD aux personnes âgées.

Selon des données du ministère de la Sécurité publique, en 2015-2016, le coût moyen d’un repas servi en établissement de détention a été de 3,27 $.

Pendant ce temps en CHSLD, le coût moyen est de 2,14 $.

Le député admet que la construction de la nouvelle prison était nécessaire, mais croit que le gouvernement offre trop de confort aux détenus.

«Il ne faut pas virer les prisons en Club Med (…) Quand quelqu’un entre en prison, il ne s’en va pas en voyage. Il faut qu’il sache qu’il a perdu certains droits», a dit M. Spénard.

e nouveau centre de détention n’a pas coûté trop cher, selon Lorraine Richard, la députée péquiste de Duplessis, où est située la nouvelle prison.

«On ne peut pas prendre du vieux, c’est une construction neuve», a-t-elle dit en faisant référence aux accessoires critiqués­­­.

«Il y a des normes et des standards à respecter, et c’est ce que ça a coûté. Il n’y a pas de luxe dans le nouveau centre de détention», a-t-elle affirmé.

Mme Richard rappelle que son comté attendait­­ depuis longtemps cette prison à laquelle le Parti québécois a donné le feu vert pour la construction en 2013.

 

Derrière les barreaux

Les conditions de détention dans les prisons se sont détériorées ces dernières années, affirme Lucie Lemonde.

Par Claude Gauvreau

4 AVRIL 2017 À 13H23

Au Québec, la population carcérale a augmenté de 11 % environ entre 2012 et 2014, alors que la capacité d’hébergement n’a pas bougé.

Photo: Istock

Au cours des derniers mois, les conditions de détention des personnes incarcérées au Québec ont attiré l’attention de plusieurs médias: transfert des femmes détenues à la Maison Tanguay vers la prison pour hommes Leclerc, recours collectif contre l’usage abusif de la cellule d’isolement, documentaires sur les conditions de vie et la réinsertion sociale des prisonniers, etc.

Selon la professeure du Département des sciences juridiques Lucie Lemonde, le Canada est passé, en quelques années, du principe du respect de la dignité humaine et des droits constitutionnels des personnes incarcérées à une politique de durcissement des peines et à un nouveau paradigme des droits dits de base: être nourris convenablement et avoir accès aux services médicaux et d’hygiène élémentaires. «Au-delà de ce minimum, dit-elle, les détenus ne jouissent



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