CES Demandeurs d’asile En PREMIÈRE LIGNE contre la COVID-19
par Paul-Alexis François
La Journée nationale des patriotes est tombée cette année le même jour que la fête du drapeau haïtien. Ceci est arrivé à un moment où tant de cadavres québécois et haïtiens victimes de la COVID-19 sont entremêlés dans nos cimetières.
Après que le gouvernement du Québec ait crié à l’aide pour obtenir du renfort au sein du personnel soignant pour combattre la menace de grande envergure de la COVID-19, un nombre impressionnant de demandeurs d’asile, très souvent des Haïtiens, ont répondu spontanément à l’appel. Ces demandeurs d’asile ont été et sont encore en première ligne pour combattre ce dangereux virus au risque de leur vie.
Le mouvement pour demander l’accueil des demandeurs d’asile qui travaillent dans les services de santé prend de l’ampleur chaque jour.
La députée indépendante à l’Assemblée nationale du Québec, Catherine Fournier, appuyée par le député de Viau, Frantz Benjamin, a déposé une motion pour que l’Assemblée nationale reconnaisse la contribution des centaines de demandeurs d’asile, majoritairement d’origine haïtienne, œuvrant actuellement comme préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD du Québec. La motion proposait à l’Assemblée nationale de demander au gouvernement canadien de régulariser rapidement leur statut, dans un souci de reconnaissance du travail accompli durant la crise sanitaire actuelle.
Le Parti Libéral du Québec (PLQ), Québec Solidaire (QS) et le Parti Québécois (PQ) soutenaient cette initiative. La motion a été rejetée par la Coalition Avenir Québec (CAQ) sans être débattue. Il s’agit de personnes qui sont au Québec depuis un à trois ans ou plus. Elles attendent une audience pour déterminer si oui ou non le Canada peut leur accorder le statut de réfugiés au sens de la Convention de Genève. Ces personnes se voient généralement refuser ce statut bien qu’indirectement elles soient victimes de la violence économique imposée par les multinationales qui les paient à des salaires dérisoires, par exemple.
Pourquoi tant de demandeurs d’asiles?
Soixante-dix (70) millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont déplacés aux quatre coins du monde chaque année. Ils ont besoin d’un abri, de la nourriture, de protection contre les passeurs mal intentionnés qui profitent de leur vulnérabilité au cours de leur périple vers la sécurité. Ils ont aussi besoin d’eau propre, de dispensaires pour la prévention des maladies.
Pour certaines personnes bien intentionnées, ce phénomène leur paraît nouveau. Elles croient faussement que les Polonais de France, les Italiens de la Suisse, les Russes de l’Allemagne, les Irlandais des États-Unis avaient sagement immigré en remplissant un formulaire de résidence permanente.
Généralement, ces immigrants posaient peu de problème. Le problème, c’est qu’après la signature de la Convention relative au statut de réfugié, le 26 juillet 1951, est apparue une autre catégorie de réfugié non prévue. Il s’agit de personnes de l’hémisphère Sud qui immigrent vers l’hémisphère Nord à cause des politiques d’ingérence des pays du Nord dans les affaires des pays du Sud. Dans nombre de pays du Sud, il faut attendre l’aval de l’ambassadeur de l’un ou de l’autre de ces pays ayant des intérêts miniers, pétroliers ou gaziers pour rendre officiels les résultats.
En Haïti par exemple, nombre de présidents sont partis en exil après l’atterrissage d’un avion militaire portant le pavillon américain. Ceci dit, on comprend que de nombreux gouvernements prennent des décisions pour plaire à ceux qui les mettent en place au détriment de leurs ressortissants. C’est difficile sinon impossible à prouver par un individu qu’il a été victime d’un système mis en place et toléré par l’état étranger vers lequel il se tourne à la recherche d’une vie meilleure.
Politique, race, classe, orientation sexuelle sont les critères de la Convention de Genève et la commission relative au statut de réfugié. Cette convention ignore la violence économique faite à des populations entières auxquelles on refuse le droit de contribuer librement à la gestion de leurs affaires publiques.
Les nouvelles guerres
Dans certains cas, le plus souvent même, la personne revendicatrice du statut de réfugié ignore souvent que sa condition socio-économique est due aux décisions de son gouvernement. Elle ignore souvent que les décisions de son gouvernement sont liées à celles du Fonds Monétaire International (FMI) ou de la banque Mondiale pour accorder des prêts à son pays, soi-disant pour le développement de projets qui ne verront probablement point le jour ou qui sont néfastes pour l’économie de son pays. Les réformes structurelles imposées par ces bailleurs de fonds obligent souvent l’état d’un pays sous-développé à se débarrasser de son système de téléphone publique par exemple pour le privatiser avec pour résultat des mises à pied dans le secteur publique et la création de poches de pauvreté qui entraîne le banditisme et d’autres formes de vices semant l’insécurité dans des endroits auparavant paisibles. Elle fuit son pays sans savoir que sa fuite est due à la corruption généralisée découlant de la mauvaise gestion d’un gouvernement légitime en apparence mais illégitime dans les faits. Souvent, ces prêts sont accordés à condition que les équipements et la main-d’œuvre pour la réalisation de certains projets proviennent de certains pays étrangers où elle sera forcée d’aller demander asile pour survivre. Elle croit à tort que son gouvernement est légitime alors que dans les faits, les résultats des élections ont été décidés à l’intérieur de certaines ambassades où elle demandera à grand prix un visa pour supposément faire du tourisme, mais en fait, il s’agit pour elle d’aller se chercher de l’emploi pour l’amélioration de ses conditions de vie ainsi que de celle de sa famille.
Le Canada est un pays de paix. Il attire naturellement celles et ceux qui recherchent un climat de paix pour eux-mêmes et leurs enfants. Cependant, les commissaires doivent se tenir aux règles de la Convention de Genève datant de 1951. Cette convention est dépassée. Il faut la mettre à jour pour inclure le cas de ressortissant de pays qui se font voler des milliards par la Croix-Rouge sous prétexte de construire des maisons dans un pays du Sud dévasté. Il faudrait inclure les ressortissants de pays dont la condition de réfugiés économiques est due aux pollutions des lacs, des rivières, des baies par des compagnies minières canadiennes, aux politiques des pays qui défendent les intérêts de leurs ressortissants opérant des industries qui paient des salaires de misères à leurs employés. Ce sont des réfugiés économiques dont la condition est due aux politiques des pays chez qui ils recherchent un refuge.
Conséquences de nos politiques canadiennes d’accueil
Les politiques canadiennes actuelles sont inhumaines. Elles conduisent beaucoup de personnes revendicatrices du statut de réfugié à se suicider, à se faire exploiter par des agences de placement sans scrupule, à accepter des emplois qui mettent leur santé et leur sécurité en danger, à vivre dans des conditions infrahumaines pendant la période d’attente de l’étude de leur statut. Le collectif ‘’Debout pour la Dignité’’ a invité le Premier Ministre Justin Trudeau à se mettre au travail pour rendre justice à ces personnes.
PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE
Le 28 mai dernier, un cortège de voitures et de vélos a défilé dans un quadrilatère entourant le bureau de circonscription de Papineau du Premier Ministre canadien Justin Trudeau pour lui demander d’accorder la résidence permanente aux demandeurs d’asile en ces temps de pandémie.
Dans le stationnement près du bureau du Premier Ministre, un cercueil symbolique rouge avait été déposé. Le député néo-démocrate de Rosemont-La-Petite-Patrie, monsieur Alexandre Boulerice et la députée de Bourassa-Sauvé, madame Paule Robitaille étaient présents pour appuyer les manifestants.
Plusieurs dizaines de voitures et de vélos ont attiré l’attention en défilant en cortège avec des pancartes et un concert de klaxons, sur Crémazie Est, devant le bureau de Justin Trudeau, en passant par Papineau, Jean-Talon et Christophe-Colomb.
Ils ont marqué un arrêt devant l’hôpital Jean-Talon, en appui aux demandeurs d’asile y travaillant.
« Il s’appelait Marcelin François », disait une pancarte, en référence au préposé aux bénéficiaires de 40 ans mort de la COVID-19 le 14 avril 2020, à Montréal-Nord.
Suicide, système immunitaire déficient, maladies mentales, marginalisation sont le lot de plusieurs personnes revendicatrices au statut de réfugié selon l’obsolète convention de Genève.
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