Brian Myles, directeur du Devoir, réitère sa demande de soutien à l’État pour aider les médias imprimés à traverser une crise provoquée par les mutations numériques. Il propose neuf recommandations concrètes et raisonnables dans un mémoire présenté au ministre de la Culture et des Communications Luc Fortin, dans le cadre des consultations publiques sur le renouvellement de la politique culturelle du Québec.
Les médias imprimés éprouvent de sérieuses difficultés à diversifier leurs revenus à l’ère du numérique. Il ne s’agit pas d’un problème de qualité de l’information, ni de mauvaise gestion. Les revenus publicitaires traditionnels dans l’imprimé sont en baisse constante, et les revenus numériques ne sont pas suffisants pour compenser ces pertes.
Dans le cadre des audiences sur le renouvellement de la politique culturelle, Le Devoir invite l’État à élaborer des mesures d’aide aux médias imprimés, afin qu’ils puissent poursuivre leur virage numérique dans un environnement économique difficile. Il y a urgence d’agir pour préserver nos médias nationaux.
« Une aide ciblée permettrait aux médias imprimés comme Le Devoir de développer de nouvelles stratégies d’affaires et de nouvelles plateformes, sans créer une dépendance malsaine à l’aide étatique. Il y a des moyens d’offrir un soutien gouvernemental aux médias sans compromettre leur indépendance, et sans créer une présomption de partialité à leur égard», explique Brian Myles.
Il rappelle le rôle important que joue Le Devoir dans la chaîne de diffusion de la culture québécoise. « Le Devoir est un maillon important qui permet la rencontre d’un créateur avec son public. Aucun média n’accorde autant d’importance à la culture que lui.»
Selon M. Myles, il est primordial que la prochaine politique culturelle du Québec tienne compte de l’interdépendance entre la culture et les médias, à plus forte raison dans une ère où la révolution numérique chamboule les fondements de l’un et l’autre.
Neuf recommandations
Recommandation 1
La politique culturelle doit accorder une attention particulière aux médias et reconnaître leur rôle distinctif et essentiel dans la chaîne de diffusion de la culture québécoise. En conséquence, les médias qui investissent dans la couverture de la culture doivent bénéficier de programmes de subventions de la part des institutions étatiques pour développer des contenus.
- Myles fait également un lien avec d’autres mesures d’aide déjà en place dans d’autres secteurs : « D’ailleurs, notre secteur industriel mérite un programme d’aide au même titre que celui que le gouvernement du Québec offre à l’industrie cinématographique et télévisuelle. ».
Recommandation 2
Création d’un programme de subvention et/ou crédit d’impôt sur la masse salariale des entreprises de presse écrite déjà établies couvrant 50% des coûts de production de l’information (salaires des journalistes, masse salariale liée à la mise en page du journal, frais de reportage).
Recommandation 3
Création d’un programme de subvention et/ou crédit d’impôt sur la masse salariale des entreprises de presse écrite déjà établies couvrant 50% des investissements numériques (acquisition de logiciels spécialisés, création d’applications).
Recommandation 4
Exemption de la taxe de recyclage pour les médias écrits québécois.
Recommandation 5
Abolition de la TVQ sur les journaux.
Recommandation 6
Création d’un crédit d’impôt à la distribution rurale et aux frais d’envois postaux.
Recommandation 7
Augmentation significative du placement publicitaire de l’État dans les journaux québécois.
Recommandation 8
Le Centre des services partagés du Québec (CSPQ) doit créer et mettre à jour un registre public des dépenses publicitaires globales des ministères, organismes et sociétés d’État, dans la mesure du possible. Ce registre doit minimalement permettre de distinguer la proportion des dépenses publicitaires faites dans les médias québécois et dans les médias étrangers (Google, Facebook, Amazon…), et de suivre leur évolution dans le temps.
Recommandation 9
Instauration d’un crédit d’impôt aux particuliers pour les dons aux entreprises de presse indépendantes, sous l’égide du ministère de la Culture et des Communications et du Secrétariat du Conseil du Trésor.
Les recommandations deux à sept font l’objet d’un vaste consensus au sein de l’industrie des médias. Proposées d’abord par la FNC, elles ont été reprises par Le Devoir, le Groupe Capitales Médias, Hebdos Québec et TC Médias. Cette quasi-unanimité témoigne du sentiment d’urgence qui habite les médias.
« Il ne s’agit pas de donner à l’État un droit de regard ou de l’influence sur les contenus, mais de donner un peu d’oxygène aux médias d’information qui cherchent à compléter leur virage numérique. Si l’État s’en tient à des critères quantitatifs pour élaborer des mesures d’aide à la presse (tirage, taux de pénétration, masse salariale, etc.) et qu’il résiste à la tentation de faire une appréciation qualitative des contenus, la nécessaire séparation entre l’État et les médias sera préservée», conclut Brian Myles.
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Renseignements : Antonine Salina
Coordonnatrice des communications et de la promotion 514 985-3471
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