Les non-dits du hockey
Équipe nationale féminine 2021 Source : hockey Canada
Au Canada, c’est plus de 85 000 jeunes femmes qui jouent au hockey. Au Québec, c’est un sport qui se pratique depuis les 100 dernières années. Aujourd’hui, aucune femme dans le monde ne peut vivre de ce sport. Devrons-nous attendre encore 100 ans pour avoir une ligue féminine professionnelle?
S
Samuel Richer étudiant en communication CEGEP de Rosemont
1-0 : Des efforts anéantis
a ligue canadienne de hockey féminin a été créée en 2007. Elle a été dissoute en 2019 parce qu’elle n’était pas assez rentable. Lorsqu’on se renseigne un peu, on constate que le manque d’argent n’était peut-être pas la seule raison. En effet, les conditions de vie des joueuses étaient loin d’être bonnes. Par exemple, les joueuses étaient peu ou pas payées. En raison des revenus insuffisants, certaines filles devaient travailler 40h par semaine en plus d’avoir deux pratiques par semaine et deux parties la fin de semaine. De plus, dû au manque de revenus, les équipes se déplaçaient en autobus sauf lorsqu’elles jouaient contre Calgary, où la ligue payait les billets d’avion. Cependant, la l’organisation octroyait un nombre limité de billets donc, certaines joueuses ou entraineuses devaient rester à Montréal. Il faut remonter jusqu’en 1950 pour voir des conditions semblables chez les hommes. Pour la saison 2019-2020, la LNH a déclaré un revenu brut de 4.37 milliards de dollars, et ce, en temps de Covid alors que la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) se partage un budget de 1.8 million en 5 équipes. Difficile de croire qu’ils n’ont pas les moyens d’investir dans une ligue professionnelle féminine.
1-1 : De la place pour les femmes
Depuis le mouvement #Metoo, partout dans le monde, il se produit un engouement pour la femme. Le monde du hockey ne fait pas exception. En effet, dans la LNH, on commence à voir de plus en plus de femmes. Par exemple, les Maple Leafs de Toronto ont embauché Danielle Goyette en 2021 à titre de directrice du développement des joueurs. Les ligues québécoises suivent également la tendance. En effet, le 31 août dernier, Katerine Aubry-Hébert est devenu la première femme québécoise recruteuse pour la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec.
« Tout le mouvement féminin crée plus d’engouement pour la femme dans le monde du hockey. Donc, peut-être que les commanditaires et les médias vont créer des opportunités. C’est comme une boule de neige. » Marcel Patenaude, Directeur de Hockey Québec
Récemment, le directeur général du Canadien de Montréal, Marc Bergevin, a été démis de ces fonctions. Certains spécialistes pensaient que le prochain DG du Canadien allait n’être nul autre que Patrick Roy. Lors d’une courte entrevue avec le Journal de Québec, M. Roy avançait : « Qu’ont-ils à perdent à m’essayer? ». Prenons le même argument, qu’ont-ils à perdent à essayer une femme? Depuis le congédiement de Marc Bergevin, toutes les propositions de remplaçant sont des hommes. Jamais quelqu’un n’a proposé l’idée d’embaucher une femme. On rappelle qu’il y a de cela deux ans, les Canadiens avaient un partenariat avec les Canadiennes de Montréal alors s’ils ne proposent pas une femme ce n’est pas parce qu’ils n’en connaissent pas, c’est parce qu’ils ne veulent pas.
2-1 : Encore du travail à faire
Au Québec, la situation est pire que ce que l’on pense : « On manque de joueuse dans nos ligues. » selon Katerine Aubry-Hébert première femme québécoise recruteuse pour la Centrale de soutien au recrutement de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
En quoi manquer de joueuse est un problème? Pour performer dans un calibre qui leur correspond, les jeunes filles doivent se déplacer aux quatre coins du Québec. La solution de Hockey Québec c’est de permettre aux jeunes athlètes féminines de jouer à la fois au civil et à la fois au scolaire. Ce faisant, les joueuses obtiennent plus de temps de glace. Il ne faut pas oublier que beaucoup plus de garçons font du hockey donc les files ont beaucoup moins de temps de glace dans les arénas civils. Permettre aux filles de jouer au scolaire est une solution, mais pas à long terme. En effet, dans la situation où l’école ne peut pas financer une saison, ce sont les parents qui doivent payer pour que leur fille puisse jouer. Cependant, dans ce cas, les parents devront payer le prix de deux saisons en même temps, ce qui est inaccessible pour plusieurs. Nous avons la chance de vivre dans une province où le hockey est au centre de la culture, alors ce n’est pas normal que ce sport ne soit pas offert à tous et à toutes équitablement.
Joueuses d’équipe professionnelle source : wiki Common
Samuel Richer
1 décembre 2021
This post has been seen 128 times.