École Polytechnique de Montréal
6 décembre 1989-6 décembre 2019, 30 ans
Le 6 décembre 1989, Marc Lépine, âgé de 25 ans, se présente à l’École polytechnique de Montréal armé d’un semi-automatique, vers 17h. Il entre dans une classe et ordonne aux hommes de sortir. Seul avec les étudiantes, il déclare « Je hais les féministes ». Il appuie sur la gâchette. Six femmes tombent sous les balles du détraqué mental.
Marc Lépine circule ensuite dans l’établissement, tirant sur toutes les femmes qui se trouvent sur son passage. Il entre dans une seconde salle classe où il vise encore exclusivement des femmes. Quand la police intervient, il retourne son arme contre lui. Quatorze femmes sont mortes, soit treize (13) étudiantes et une adjointe administrative : Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz.
Trente ans plus tard, de jeunes hommes commettent des meurtres de masse contre des femmes, cette fois sous prétexte d’être privés des rapports sexuels par des féministes ou des lesbiennes. Ces célibataires involontaires, aussi appelés Incels, sont célébrés sur des médias sociaux où se croisent des appels au meurtre et au viol de femmes.
Alek Minassian, le présumé auteur du carnage à la voiture bélier, survenu en avril 2018, à Toronto, s’est réclamé des Incels. La très grande majorité des victimes étaient des femmes.
Je tiens à rendre hommage aux 14 femmes de mon alma mater disparues il y a 30 ans, victimes d’un féminicide. Le devoir de mémoire en est un essentiel, il nous rend collectivement plus forts et donne espoir en l’avenir, a dit, Dominique Anglade, lors d’un discours prononcé pour commémorer l’événement.
Marc Lépine visait des femmes qui se destinaient à un métier non traditionnel. Il les a tuées de sang-froid, sous prétexte qu’elles prenaient la place des hommes.
Des promesses et des réflexions solennelles pour mettre un terme à la violence contre les femmes ont abondé dans le cadre des hommages aux 14 victimes de l’attentat antiféministe du 6 décembre 1989, à Polytechnique Montréal.
Les drapeaux devant le pavillon principal ont été en berne jusqu’au crépuscule, vendredi, en hommage à ces femmes qui ont été froidement assassinées et aux 13 autres personnes qui ont été blessées à l’intérieur de l’école il y a précisément 30 ans.
Aucun cours ni examen n’ont été tenus en cette journée de triste anniversaire à Polytechnique Montréal.
Une petite foule s’est amassée sous une légère neige, en matinée, tandis que des représentants de l’établissement et des associations étudiantes déposaient des gerbes de roses blanches devant la plaque commémorative portant les noms des victimes: Geneviève Bergeron, 21 ans; Maryse Laganière, 25 ans; Hélène Colgan, 23 ans; Maryse Leclair, 23 ans; Nathalie Croteau, 23 ans; Anne-Marie Lemay, 22 ans; Barbara Daigneault, 22 ans; Sonia Pelletier, 28 ans; Anne-Marie Edward, 21 ans; Michèle Richard, 21 ans; Maud Haviernick, 29 ans; Annie St-Arneault, 23 ans; Barbara Klucznik-Widajewicz, 31 ans et Annie Turcotte, 20 ans.
6 décembre est la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. La maire de Montréal, Valérie Plante, s’est recueillie le vendredi 6 décembre 2019, à 17 h, en mémoire des 14 femmes assassinées il y a 30 ans, à l’École Polytechnique.
À cette même heure, 14 faisceaux ont illuminé le ciel au-dessus du mont Royal dans le cadre d’un moment de recueillement qui s’est tenu sur le belvédère Kondiaronk, en face du chalet du Mont-Royal, en présence de plusieurs élus, ainsi que des familles et des proches des victimes. La création lumineuse de Moment Factory a illuminé le ciel de la métropole québécoise, entre 17 h et 22 h. Les faisceaux ont été allumés un à la fois, à quelques secondes d’intervalle, à l’appel du nom de chacune des victimes.
Organisée par le Comité Mémoire, en collaboration avec la Ville de Montréal et Polytechnique Montréal, la commémoration sur le Mont Royal est l’occasion de rappeler l’importance de dénoncer toute forme de violence à l’endroit des femmes et de réaffirmer les valeurs fondamentales d’égalité et d’équité entre les femmes et les hommes.
En signe de solidarité et pour marquer leur engagement collectif envers une société sans violence faite aux femmes, les personnes élues de la Ville de Montréal ont adopté, au conseil municipal du 18 novembre, une déclaration pour la Journée montréalaise de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Par ailleurs, à la suggestion de deux chercheuses du Réseau québécois en études féministes, Mélissa Blais et Diane Lamoureux, la Ville de Montréal a accepté de modifier le panneau identifiant la place du 6-Décembre-1989 en y précisant que les 14 femmes assassinées l’ont été lors d’un attentat antiféministe.
Catherine Bergeron, dont la sœur Geneviève a péri dans l’attentat, a tenu à souligner la tendresse et la solidarité qui ont jailli de cette tragédie.
Justin Trudeau a reçu des applaudissements nourris en réitérant son engagement à resserrer le contrôle des armes à feu au pays.
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