Entrevue William Gogas
Entrevue William Gogas

 

Entrevue avec Toronto Prisoners’ Rights Project

 

Le 27 juillet dernier, Jessica et Naiomi du regroupement Toronto Prisoner’s Rights Project (TPRP) mont accordé une entrevue pour parler de lorganisation. Voici le compte-rendu de cet entretien, traduit en français.

 

Q: Quest-ce que le TPRP?

R: Premièrement, nous ne sommes pas un organisme à but non lucratif ni un organisme de bienfaisance enregistré. Nous sommes plutôt un mouvement populaire qui s’engage dans des campagnes d’éducation du public. Ce travail nous amène à déstigmatiser les enjeux qui touchent aux personnes judiciarisées en plus d’attirer l’attention de la population sur le fonctionnement colonial, racialisé et fortement genré du système correctionnel canadien. Notre mission consiste aussi à faire comprendre aux gens qu’il existe d’autres moyens, autre la prison, afin de créer de la redevabilité et ultimement d’exercer de la justice.

 

Notre mouvement en est aussi un d’action directe. N’étant pas dépendant envers un financement externe (gouvernemental par exemple) nous permet une certaine liberté d’action que d’autres organisations n’ont pas. Il suffit de penser à notre support aux campagnes de grèves de faims des prisonniers à travers diverses institutions ontariennes pour comprendre qu’on a plus de latitude que certains de nos collaborateurs.

 

Q: Qui sont vos membres?

R: Nous sommes un réseau informel d’universitaires, d’avocats, d’activistes, de travailleurs et intervenants oeuvrant dans le milieu correctionnel, de proches de détenus et d’ex prisonniers.

 

Q: Comment est né le projet?

R: Tout ça a commencé à une conférence en mai 2019. C’est là qu’on (membres fondateurs) s’est rencontré pour discuter de notre souhait d’avoir plus de travail direct et pratique à Toronto pour les droits des détenus. En tant qu’universitaire on est habitué à critiquer le système d’en haut, de la fameuse « tour d’ivoire », mais on sentait réellement le besoin d’aller mettre nos mains à la pâte sur le terrain.

 

Q: Quelles sont vos présentes campagnes?

R: Nous en avons plusieurs. L’une d’elle est le fond d’urgence aux prisonniers. On doit mentionner que dans le contexte de la Covid-19 le gouvernement ontarien a libéré environ le ⅓ de sa population carcérale. C’est beaucoup de gens qui ont été relâchés très rapidement dans un monde qui n’était pas prêt à les recevoir, un monde en état d’urgence. En fait, le soutien associé aux procédures de sortie habituelles n’étaient pas disponible en raison de la pandémie. Le fond vient donc en aide à ces personnes qui ont besoin d’un support financier pour survivre dans ces conditions exceptionnelles. Même les prisonniers peuvent toucher à ces fonds pour améliorer leur accès à des produits sanitaires ainsi qu’à une meilleure nutrition. À date, nous avons récolté 118 996 $ et remis 70 925 $ à 315 applicants. Or, il nous reste 740 applications donc nous devons continuer la collecte de fonds pour réussir à venir en aide à tout le monde dans le besoin.

 

Q: Et à long terme, quel est votre objectif?

R: L’abolition de la prison! Nous comprenons toutefois que ce processus en est un long. Il ne suffit pas de les démolir et clamer victoire, au contraire. Nous devons avant tout bâtir des communautés responsables qui se respectent et s’entraident mutuellement. N’oublions pas que le « crime » tend à prendre racine dans la mauvaise répartitions des droits sociaux et des ressources matérielles et des possibilités d’éducations par exemple. Adressons ces problèmes en réorganisant la façon dont la société fonctionne! La prison n’est pas la réponse à tout. Prenons le cas de la toxicomanie, où la prison est sans équivoque le pire outil pour y répondre. Visons vers une approche personnalisée qui répond à chaque type de comportement criminel afin de s’émanciper de la présente hégémonie carcérale.

 

 

Pour plus d’information, visitez https://www.torontoprisonersrightsproject.org

 



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