Avions de surveillance

Le gouvernement fédéral attribuera sans appel d’offres au géant amér- icain Boeing un contrat pour rem- placer ses avions de surveillance et lui achètera 16 appareils de type P-8A Poseidon. C’est ce qu’ont confirmé deux sources gouver- nementales fédérales à Radio-Can- ada.

Selon nos sources, il s’agit d’un contrat d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Des informa- tions publiées à la fin juin par une agence du département américain de la Défense estimaient que le prix des appareils et des équipements associés au P-8A Poseidon était évalué à 5,9 milliards de dollars américains.

La Presse a d’abord rapporté la nouvelle, qui a été confirmée par Radio-Canada.

Pour justifier son annonce, qui sera confirmée demain, Ottawa fait valoir que l’appareil Poseidon est utilisé par plusieurs des alliés du Canada, ce qui facilite les opéra- tions, explique-t-on.

Le prix du contrat est également un enjeu, indique une source. Celle-ci fait valoir que Boeing s’est engagé à des retombées économiques im- portantes au Canada dans le cadre de ce contrat. Le géant américain compte plusieurs fournisseurs de ce côté-ci de la frontière.

AILLEURS SUR INFO : Israël dit avoir découvert le « plus grand tun- nel » creusé sous la bande de Gaza De plus, Boeing s’engage à ouvrir un centre d’innovation au Québec.

Dans une brève déclaration trans- mise à Radio-Canada, un porte-pa- role du patron de Bombardier, Éric Martel, indique que l’entreprise québécoise est en attente de la dé- cision du gouvernement fédéral. Nous attendrons l’annonce offi-

cielle du gouvernement et contin- uons de demander à cette heure un processus ouvert via un appel d’of- fres, écrit-il.

Au cours des derniers mois, Bom- bardier avait réclamé un appel d’offres en bonne et due forme pour remplacer les 14 avions de pa- trouille maritime CP-140 Aurora, qui devront être mis au rancart en 2030, après un demi-siècle d’util- isation par l’Aviation royale cana- dienne.

En juillet, le premier ministre du Québec, François Legault, qui ap- puyait Bombardier, avait cherché des appuis auprès de ses homo- logues des autres provinces. Doug Ford, de l’Ontario, l’avait notam- ment appuyé.

Questionné lors d’un impromptu de presse, mercredi matin à l’Assem- blée nationale, François Legault a mentionné que si Ottawa ne va pas en appel d’offres, c’est malheureux, parce qu’on oublie une belle com- pagnie québécoise, Bombardier.

Selon une source gouvernementale, l’option proposée par Bombardier était trop incertaine du point de vue des échéanciers et de la disponibil- ité, puisque l’appareil proposé n’avait pas encore été développé.

L’avion que proposait l’avionneur montréalais était un avion d’affaire Global 6500, équipé de la tech- nologie et des capteurs de General Dynamics. Bombardier soutenait en juillet que l’appareil allait être prêt au début des années 2030, con- formément aux besoins exprimés par Ottawa.

Au début de novembre, le président et chef de la direction de Bombar- dier, Éric Martel, a écrit à la vice- première ministre et ministre des Finances,  Chrystia  Freeland,  en

l’avertissant qu’il n’y avait pas ur- gence de recourir à un seul four- nisseur pour remplacer les CP-140 Aurora.

Bombardier était d’avis que cette flotte allait rester pertinente jusqu’à la fin des années 2030 et au début des années 2040.

De plus, l’avionneur montréalais estimait à ce moment que le coût d’acquisition ne tenait pas compte des investissements requis dans les infrastructures, par exemple en ce qui concerne l’agrandissement des hangars existants.

Enfin, Bombardier jugeait qu’il était fiscalement irresponsable pour la Défense nationale d’accorder un contrat de plusieurs milliards de dollars pour une plateforme élaborée aux États-Unis, au mo- ment où le Secrétariat du Conseil du Trésor demandait à la Défense nationale de trouver des économies d’un milliard de dollars dans son budget.

Une décision incompréhensible Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Obser- vatoire international de l’aéronau- tique et de l’aviation civile, n’ar- rive pas à s’expliquer cette décision du gouvernement fédéral.

C’est quelque chose qui est incom- préhensible. Il n’y a aucune rai- son valable qui a été avancée. Ça va à l’encontre de ce qui se fait au

niveau international, et ça va à l’en- contre de ce qu’était la politique du gouvernement du Canada qui sup- portait les exportations et donc qui renforçait et favorisait l’industrie nationale. On a créé une fausse ur- gence, a expliqué M. Ebrahimi en entrevue à Midi info.

Il rappelle que 3 milliards de dollars ont été investis pour prolonger la vie des 14 avions de patrouille mar- itime CP-140 Aurora, qui n’avaient pas à être remplacés avant sept à huit ans.

Mehran Ebrahimi estime que dans sa précipitation, le gouvernement canadien a raté une belle occasion.

Ici au Canada, si on prend l’exem- ple de Bombardier, nous n’avons pas de support de défense, com- me Airbus, comme Boeing […] Ce genre de contrat aurait pu avoir un impact important pour dével- opper encore davantage notre sec- teur aéronautique. C’est souvent la défense qui sert comme levier pour supporter des projets de développe- ment, soutient M. Ebrahimi.

C’est vraiment un projet de généra- tion qu’on vient de rater. Ce sont des avions qui vont être très en de- mande avec le conflit dans la mer de Chine. On aurait pu profiter de cette occasion-là pour mettre une expertise de plus dans l’aéronau- tique pendant des décennies, re- grette-t-il.

Source: Radio-Canada



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