Stevens Mélançon a retenu l’attention pour une raison dimanche soir : il a été le premier candidat élu de Québec 21 dans le district de Chute-Montmorency-Seigneurial. Le fait qu’il soit le premier conseiller noir à faire son entrée au conseil municipal est complètement passé sous silence.
Un texte de Louise Boisvert
Le principal intéressé n’est pas du tout surpris. « 99,9% des gens qui me côtoient ne m’ont jamais parlé de mes origines », souligne-t-il. « J’ai toujours été vu comme le petit gars de Montmorency, qui a grandi là ».
Adopté à l’âge de 2 mois par un couple de Beauport, il en sait bien peu sur ses parents biologiques, si ce n’est que son père était Haïtien et sa mère Québécoise. Il a été élevé avec trois autres frère et soeurs, adoptés eux aussi.
Stevens Mélançon ignorait même être le premier conseiller noir élu à la Ville de Québec. Il préfère d’ailleurs que l’on mentionne qu’il est le premier conseiller municipal d’origine haïtienne élu à la Ville de Québec.
C’est important de le souligner, si ça peut ouvrir la porte à d’autres.
Stevens Mélançon, conseiller de Québec 21
À 57 ans, ce n’est pas la première fois qu’il trace la voie. Déjà, en 1972, son frère et lui ont été les premiers joueurs pee-wee de couleur à participer au célèbre tournoi international de hockey à Québec.
Des années plus tard, il aura été le premier directeur d’école noir de la Commission scolaire des Premières Seigneuries. M. Mélançon a fait toutes ses études à Québec avant de faire carrière pendant 34 ans comme enseignant, puis comme directeur à l’école secondaire La Courvilloise.
Pas de place à l’improvisation
Le nouveau politicien songeait depuis 10 ans à tenter sa chance comme conseiller municipal. L’homme a obtenu 410 voix de majorité dans le district de Julie Lemieux, d’Équipe Labeaume, qui s’est retirée après deux mandats.
Au fil des ans, Stevens Mélançon a occupé plusieurs postes qui l’ont amené à réfléchir sur sa ville. Il a notamment été président du conseil de quartier des Chutes-Montmorency. Il s’est aussi impliqué au sein de l’organisme communautaire Le Pivot de Beauport.
Stevens Mélançon aime penser que son parcours et son travail sur le terrain durant la campagne électorale ont fait pencher la balance en sa faveur. La couleur de sa peau n’a jamais été un enjeu.
S’intégrer par son implication
Le nouveau conseiller estime qu’il n’y a qu’un rempart contre la discrimination : il faut s’intégrer dans son milieu et s’impliquer dans sa communauté.
« Je ne vous dirais pas que mes premières années à l’école primaire ont été faciles », souligne Stevens Mélançon en se remémorant quelques accrochages survenus dans la cour d’école.
Son frère et lui possédaient cependant des aptitudes sportives qui ont permis de faire tomber des barrières. « Quand on a commencé à faire du sport et à faire gagner des équipes, on s’est bien intégrés », ajoute-t-il.
L’homme met en garde ceux qui seraient tentés de s’isoler ou de s’apitoyer sur leur sort. « Il faut passer à l’action ». Stevens Mélançon ne se voit pas comme un modèle. Pas encore. Il veut d’abord faire ses preuves comme conseiller municipal.
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