Démocratie 2017 à Montréal!
Par Paul-Alexis François
J’entends beaucoup de personnes festoyer au lendemain de la victoire de Projet Montréal. Il y en a qui l’identifie à un parti de gauche, d’autre à un parti de rêveurs, d’autres à un parti démocratique! Je les regarde ou les écoute sans festoyer avec eux. Après chaque élection municipale, j’ai eu l’impression d’entendre les mêmes rengaines. Les plus de vingt ans ont plus de chances d’avoir entendu parler de Jean Doré et de Marcel Prescott, du RCM ci- devant rassemblement des Citoyens et citoyennes de Montréal. Ces défunts partis politiques lors de leurs élections faisaient dire comme aujourd’hui : Enfin nous allons avoir la démocratie à Montréal. On va avoir au pouvoir des gens qui aident les gens qui aident les gens. Erreur!, j’ai perdu mes illusions.
Un fait est indéniable, c’est que l’’administration Doré a ouvert la porte aux communautés noires à la ville de Montréal.. Les autres administrations qui ont suivi, ont continué à perpétuer la tradition de mettre en valeur à la ville de Montréal le mois de l’histoire des noirs. Cependant je déplore le manque de représentativité des personnes des communautés noires et hispaniques entre autres dans les fonctions de représentation et dans les coulisses du pouvoir. Je parle du manque de haut fonctionnaire comme les directeurs de sport et loisirs par exemple. Par contre comme le disait Yasmina Jimenez candidate au poste de conseiller municipal à Lasalle, il faut éviter de confondre démocratie et égalité ou un processus visant à permettre aux minorités visibles d’accéder à des postes de pouvoir. Là, je fais un parallèle avec le fait d’avoir des femmes dans des positions de pouvoir. Parmi les 103 nouveaux élus aux élections municipales montréalaises 2017, 53 sont des femmes, soit un petit peu plus que la moitié. C’est une première en politique montréalaise.
Est-ce que cela fait partie du processus démocratique d’avoir des candidats et des candidates représentant le plus fidèlement possible, la composante démographique de Montréal? Ma réponse est positive. Toutefois, je continue à croire que le processus démocratique va au-delà du fait que les genres et les origines ethniques diverses des populations desservies soient également représentées dans l’appareil municipal.
Dans ces élections que nous venons de vivre, des hommes et femmes de valeur ont mordu la poussière dans leur district ou leur arrondissement. Ceci illustre que nous devons mettre d’autres facteurs et d’autres valeurs que le genre, la condition physique et l’origine ethnique dans la balance quand vient le temps de faire l’autopsie d’une campagne électorale.
. Quand vient le temps d’inscrire son vote, les gens se posent de multiples questions. Il y a des questions que le citoyen ou la citoyenne se pose avant de faire un x sur son bulletin de vote. Je suis sûr que le genre, la couleur de peau, les handicaps physiques et l’origine ethnique sont les facteurs qui viennent en dernier lieu quand vient le moment de noircir la case de son choix
Cependant, je pense qu’il est impérieux pour les partis politiques d’être honnêtes envers les personnes qu’ils choisissent pour participer au processus électoral en tant que leur porte-parole. Mieux vaut s’abstenir de présenter des candidats au lieu de présenter n’importe quel quidam féminin ou issus de minorités ethniques face à des adversaires jugés imbattables. Le choix de candidats poteaux issus de minorités visibles ou du genre féminin pour représenter les districts jugés imprenables est, selon moi un exercice cynique qui démontre que le parti en question manque de volonté de lutter contre la discrimination physique, d’âge, sexuelle ou ethnique dans l’organisation et doit se pencher sérieusement dans la perspective d’implantation de stratégies de lutte contre ces fléaux qui alimentent des discriminations systémiques envers des catégories de citoyens. Des actions et des mesures concrètes devraient être envisagées. Je pense à des rencontres de travail sur la question au sein de chaque parti politique. Cela éviterait des situations qui se répètent d’année en année au sein de tous les partis politiques que ce soit au niveau provincial, fédéral ou municipal.
Avant d’apporter ces préoccupations à l’ordre du jour des congrès de leurs partis politiques de leurs choix, les citoyens devraient arrêter de se plaindre de vive voix ou en choisissant de s’abstenir de voter. L’abstention est aussi une façon de protester contre le statut quo. Cela veut dire qu’on est tanné d’aller faire la file pour voter pour des personnes inconnues ou aux valeurs morales incompatibles avec nos règles de conduite privilégiés.
Faisons comme l’ingénieure Carmel Antoine Bessard. Elle dénonce des pratiques discriminatoires en écrivant ‘’Dans l’œil de l’ouragan’’ pour parler de son expérience sur le terrain en Haïti, en tant que professionnelle noire suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010.
À l’instar de Carmel Antoine Bessard, ingénieure, détentrice d’une maîtrise en administration publique, j’invite les rebelles de la trempe de Yasmina Jimenez, que j’admire, à écrire sur leurs expériences de candidats et candidates poteaux lors des différentes élections montréalaises. Ces écrits pourraient permettre d’alimenter le débat pour voir de quelle façon on pourrait faire en sorte que le processus électoral soit pris en main par les citoyens. Une expérience de ce type a été amorcée à Montréal-Nord lors de la mise en candidature de Kerlande Mibel sous la bannière de Projet Montréal. Depuis c’est le silence. Le Monde de Montréal avait appuyé sans réserve Kerlande Mibel comme maire de Montréal-Nord mais Projet Montréal était si timide dans l’appui de cette candidate de valeur. Par ailleurs le groupe présidé par Marjorie Michel auquel j’ai participé ,a été incapable de faire sortir le vote .
C’est à nous de changer les choses. Les élus ont été désignés pour faire rouler l’appareil municipal. Il nous revient à nous citoyens et citoyennes de Montréal, de partager nos idées dans le journal Le Monde de Montréal, notre journal. Nous pouvons former de petits groupes de travail et nous rencontrer en plénière pour mettre en commun le fruit de nos réflexions et prendre des mesures en conséquences au lieu de nous attendre à des miracles de la part de Valérie Plante ou d’autres élus. Son élection est un pas dans la bonne direction. C’est le début d’un vent de changement. À nous de profiter de l’occasion pour être des artisans de changements positifs de ce système électoral boiteux.
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