Montréal, le 27 septembre 2025
Par Mélissa Jean-Baptiste
Constatant la coupure du Québec avec la tradition orale contée et souhaitant donner une tribune importante au conte, l’auteur, le conteur, l’ethnographe et le photographe, Marc Laberge, a créé le Festival interculturel du conte de Montréal (FICM) en 1993, qu’il a dirigé jusqu’en 2015. Après son départ, afin de garantir la pérennité du festival et voulant que cette discipline puisse continuer à être représentée dans le paysage culturel montréalais, la bachelière en éducation, la conteuse professionnelle et la directrice artistique, Stéphanie Bénéteau a décidé d’assurer sa relève. Cet évènement international biannuel nous revient cette année pour sa 18e édition pour célébrer l’art du conte et de la littérature orale autant sous ses formes traditionnelles que contemporaines. Cette décade de célébrations aura lieu du 17 au 26 octobre 2025. Pour l’occasion, 60 spectacles seront performés par 55 artistes dans 35 lieux distincts allant du théâtre Outremont au théâtre Sainte-Catherine.
Comme la réalité du Québec est aujourd’hui multiculturelle et pluriethnique, cela représente également une belle occasion de favoriser le vivre-ensemble en offrant la chance inouïe aux publics éloignés de la culture d’être initiés à l’univers du récit.

Sur cette photo, la bachelière en éducation, la conteuse professionnelle et la directrice artistique, Stéphanie Bénéteau. Crédit photo : Alain Dean
L’imaginaire synonyme d’espoir
Le désespoir et la dépression sont en hausse dans la société actuelle. Selon la conteuse professionnelle, les artistes peuvent être portés à se questionner sur la différence qu’ils peuvent faire. Pour elle, ils ont un rôle à jouer dans le changement du monde. Elle affirme que l’imaginaire permet de rêver d’un monde meilleur. Bien qu’ils ne sont pas en première ligne, l’imagination donne aux gens la possibilité d’occuper leur esprit autrement et de se rassembler d’où toute son importance vitale.
« Pour ne pas sombrer dans la dépression, avoir envie de vivre, de se battre, pour éviter d’être dans la fuite ou de commettre l’irréparable, il faut avoir un imaginaire très actif. Sans cela, il est difficile d’avoir de l’espoir. Grâce à l’art, nous pouvons nous retrouver. Si nous souhaitons nous battre pour un monde meilleur, nous devons d’abord y croire. L’imaginaire cultive l’espoir », soutient madame Bénéteau
Deux cordes à son arc
Selon la directrice artistique, avec peu de ressources, le récit nous fait vivre une gamme d’émotions passant de la joie au rire allant jusqu’à l’inspiration. Elle le décrit comme un «joyau» du milieu du conte qui reste méconnu.
« Comparativement aux grandes productions voire au Cirque du Soleil, avec peu de moyens, il est possible de créer une expérience exceptionnelle et simple qui fait partie de notre humanité depuis la tradition de s’asseoir autour du feu. Dans un monde qui est de plus en plus axé sur la technologie, nous avons besoin de cette simplicité. Sans oublier que nous revenons aux valeurs fondamentales telles que : la rencontre et la simplicité », déclare la conteuse professionnelle.
Le moment présent
L’instant présent est une richesse qu’offre le récit. La bachelière en éducation souhaite que les spectateurs posent leur téléphone, qu’ils puissent être dans le moment présent, se parler, s’écouter, rire, danser et chanter ensemble afin de vivre pleinement cette expérience.
« J’aimerais que ce plaisir de vivre soit ramené à la maison et que cela devienne une tradition. J’espère que le public à son tour racontera des histoires à leurs enfants, à leurs parents et qu’il prendra le temps d’écouter celles des aînés », nous confie-t-elle.